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Quand, en juin 1989, Max Bobichon publie Les mines de plomb de Saint-Julien-Molin-Molette, ouvrage qu’il a écrit avec son père Eugène, il met en évidence au début de son étude cette note : « Alexis Chermette dans Le supplément au Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Lyon (avril 1989) publie une étude sur la Famille de Blumenstein et l’exploitation des mines du Forez aux XVIIIe et XIXe siècles. » Cette note, si elle est visiblement pour lui un hommage qu’il se doit de rendre aux travaux d’un confrère qu’il estime, n’a sans doute pas été remarquée, à cause peut-être de son caractère lointain (les mines du Forez) et quelque peu ésotérique (la Société Linnéenne de Lyon), par les lecteurs pilatois.
Mais aujourd’hui, les deux études sont disponibles sur Internet et nous pouvons constater qu’elles ne sont pas concurrentes mais se complètent harmonieusement, toutes deux pas très longues (12 pages seulement pour celle de Chermette) mais toutes deux riches et denses, celle de Chermette se distinguant par un cadre spatial et temporel plus large.
D’origine autrichienne, la Famille de Blumenstein a obtenu de nombreuses concessions minières pour exploiter le plomb, pas seulement sur le versant oriental du Pilat, mais aussi dans les Monts du Forez (à Saint-Martin-la Sauveté, non loin de Roanne) et dans les environs de Vienne.
Fournisseurs des armées de la Révolution (celles des Alpes et d’Italie – le plomb du Forez fit paraît-il merveille à Rivoli et à Marengo), puis de celles de l’Empire, l’activité des Blumenstein prospéra.
On se doit de rappeler ici que les mines de plomb des environs de Vienne remontent au moins à l’antiquité gallo-romaine. Dans son Histoire de Givors (1912), un ouvrage qui fait toujours autorité et qui a été récemment republié, Etienne Abeille cite un rapport de l’Administration des Mines datant de 1846 : « La montagne située sur la rive droite du Rhône, dans la courbe comprise entre Givors et Condrieu fourmille, pour ainsi dire, de petites veines peu suivies composées de galène propre au vernis des poteries. Ces sites ont presque toujours été exploités depuis une époque fort ancienne. »
Nos lecteurs trouveront sur Internet d’autres sites s’intéressant aux mines métallifères dans la Loire.
Nous leur recommandons de consulter sur Wikipédia le site de Savas. Ils pourront y découvrir les tribulations administratives du hameau d’Eteize, qui appartint jusqu’à la fin du XVIIIe siècle à la paroisse de Saint-Julien-Molin-Molette, mais aussi un très intéressant paragraphe sur le Suc de Clava et sa fameuse serpentine.
S’ils ne le savent déjà, ils apprendront que sur une sorte d’oppidum, à la limite entre Savas et Peaugres, subsistent les restes de l’ancienne église de Saint-Julien-en-Goye, qui fut détruite par les protestants pendant les guerres de religion du XVIe siècle. Les habitants décidèrent alors de s’établir plus bas, à Savas.
Un chemin de petite randonnée (départ près du lavoir restauré) permet de monter assez rapidement à Saint-Julien-en-Goye (du latin « gaudium », la joie). L’église actuelle de Savas a été largement rebâtie au XIXe siècle, mais on trouve sur l’autel central un retable doré du XVIIe siècle provenant de l’ancienne église Sainte-Claire à Annonay (entre l’Avenue de l’Europe et la rue Sadi Carnot).
Pour les rapports entre Saint-Julien-en-Goye et Saint-Julien-Molin-Molette, on se reportera bien sûr à la belle brochure : L’église de Saint-Julien-Molin-Molette de l’an 1000 à nos jours réalisée par Christian Baas en 2009 et qui est le premier feuillet (automne 2015) de l’éphéméride « Au fil des saisons » de Patrimoine Piraillon.
Michel Wotkiewicz