D’après l’abbé Chaland, auteur d’un ouvrage de 1852 qui fait encore référence (Mémoires de St Julien-Molin-Molette), Molette aurait été le premier nom du village car on y taillait des meules ou molettes servant à aiguiser les armes blanches. Puis des moulins pour la production de farine ou d’huile s’étant installés le long du Ternay, on ajouta le nom de molin. St Julien(*) n’aurait complété le nom qu’après la construction de l’église en 1555, mais Christian Baas fait remarquer qu’on trouve déjà le nom actuel (en latin) dans le cartulaire du Prieuré de St Sauveur-en-Rue, texte datant du 11ème siècle.
Dans le bulletin paroissial, l’Echo de St Julien, qu’il a fait paraître de 1900 à 1914, l’abbé Peillon consacre 7 longs articles (fin 1905-début 1906) à la biographie de St Julien, une biographie en fait largement romancée. Julien, originaire d’une riche famille de Vienne, en Dauphiné, aurait vécu à la charnière du 3ème et du 4ème siècle. Il embrassa la carrière militaire, mais se convertit au christianisme, ainsi que son ami Ferréol qui l’exhorta à fuir pour échapper aux persécutions ordonnées par l’empereur Dioclétien. Il fut arrêté et décapité près de Brioude en Auvergne et sa tête fut ramenée à Vienne comme preuve. Un ange ordonna à deux vieux bergers de transporter la dépouille de Julien à Brioude. Ils rajeunirent pendant le trajet et se convertirent à l’arrivée. L’un devint St Arcons, l’autre St Ilpize dont deux pittoresques villages du Val d’Allier, en amont de Brioude, portent le nom. Outre St Julien-Molin-Molette, un chapelet de localités porte le nom de Julien (St Julien-Molhesabate, St Julien-Chapteuil, St Julien-du-Pinet…) entre Vienne et Brioude où est construite une très belle église romane, la plus vaste d’Auvergne. Le nom de Ferréol a été donné à une commune de Haute-Loire située à proximité de Firminy.
Il fut question en 1925, de débaptiser notre commune pour l’appeler St Julien-sur-Ternay, mais le projet ne suscita pas l’enthousiasme et fut abandonné.
(*) La modestie des Piraillons dût-elle en souffrir, ils doivent savoir que leur Julien dauphino-auvergnat n’est pas à l’origine de tous les noms de villages et de villes ainsi appelés. L’Eglise a en effet reconnu comme saints trois autres Julien : le premier fut évêque du Mans, le second est peut-être le plus prolifique pour ce qui est de l’étymologie : avec son frère (Saint-) Jules, il avait obtenu de l’empereur Théodose l’autorisation d’édifier des églises à la place des temples païens. Mais le plus célèbre d’entre tous est incontestablement Saint-Julien l’Hospitalier, qui a par ailleurs inspiré à Flaubert une admirable nouvelle. On se doit enfin de rappeler l’existence d’un autre Julien, tout aussi célèbre, mais pour des raisons opposées. « Et il y eut encore un autre Julien qui, celui-là, ne fut pas un saint mais un monstre abominable : c’est, à savoir, Julien l’Apostat » écrit Jacques de Voragine (1230-1298), dominicain, évêque de Gênes en Italie, mais surtout auteur de la Legenda sanctorum, littéralement « la lecture de la vie des saints » qui connut un immense et foudroyant succès sous le titre La Légende dorée et qui fut traduite dans toutes les langues européennes. Neveu de l’empereur Constantin, qui se convertit à titre personnel en 315 à la religion chrétienne, mais laissa subsister les religions païennes, ce Julien gagna son surnom infamant en voulant en revenir aux anciennes religions. Mais son règne fut bref (361-363), car il fut vaincu et tué lors d’une bataille contre les Perses. Son successeur Théodose interdit définitivement le paganisme en 391.