Max Bobichon nous a quittés…
Beaucoup de « Piraillons » se sentent un peu orphelins, tout comme beaucoup de gens de Lyon et d’ailleurs qui sont dans la peine de ce départ : Max Bobichon nous a quittés dans la nuit du 25 mai 2023, dans sa chambre à la maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres à la Croix-Rousse.
Un prêtre dans la cité
Le 1er juillet 2017, Max Bobichon était venu dédicacer son livre « Max Bobichon un prêtre dans la cité » à la Bibliothèque de Saint-Julien-Molin-Molette, la foule était au rendez-vous !
Son parcours religieux
En photo : lors d’un rassemblement le 12 juin 2016 pour ses 60 ans de prêtrise.
Né dans une famille très religieuse, (deux de ses oncles étaient prêtres), Max a été à l’école libre de Saint-Julien-Molin-Molette puis en septembre 1942 au petit séminaire de St-Jean à Lyon. Comme il avait eu de bonnes notes dans le primaire, il rentra directement en cinquième; il reconnaissait avoir été « largué » et n’avoir récupéré divers retards qu’en classe de seconde. Baccalauréat en poche, Max rentre au Grand séminaire. Mi 1952, il part pour dix-huit mois de service militaire, d’abord à Tours dans une école d’officiers; puis après six mois, il est affecté à une garnison près de Coblence. Suite au début de la guerre d’Algérie, il sera mobilisé en septembre 1955 au camp de Sathonay pour une dizaine de jours comme officier de permanence.
Max est ordonné prêtre par le cardinal Gerlier le 19 mai 1956. Très attaché à son village natal, Saint-Julien-Molin-Molette, et à sa famille, il dira sa première messe à St-Julien dans l’église où il fut baptisé et où il a été souvent servant de messe avec son frère aîné Joseph. En 1956 son apostolat commence à Caluire, comme vicaire, pendant environ cinq ans puis directeur spirituel au petit séminaire de St-Jean. Il sera aumônier des élèves des deux Ecoles Normales des Instituteurs de l’enseignement libre, puis de la Paroisse Universitaire, pendant de nombreuses années entre 1964 et 1980. Par la suite ou en plus, Max sera curé dans diverses paroisses, notamment à St-Denis à la Croix-Rousse dans les années 80 puis à St-Vincent et St-Paul dans les années 90. En 2002 il demanda à être déchargé de la vie pastorale en paroisse. L’archevêque de Lyon, Philippe Barbarin lui donna le choix entre chapelain à la basilique de Fourvière ou prêtre auxiliaire à la cathédrale St-Jean. Il choisira la cathédrale. Devenu chanoine, puis élu Doyen du Chapitre, « prélat de Sa Sainteté », donc Monseigneur, il avait démissionné du chapitre il y a quelques années.
Quelques dates certainement lui tenaient à cœur, toutes liées à ce qui, pour lui, était fondamental dans son ministère, le dialogue interreligieux :
- En octobre 1986, l’accueil du Pape Jean-Paul II à l’amphithéâtre des Trois Gaules ;
- La création du groupe « Les Fils d’Abraham » en septembre 1993 ;
- La rencontre en 2003 avec Yasser Arafat à Ramallah ;
- Le pèlerinage à Tibhirine en février 2007.
Sa vie d’homme et de prêtre ne peut être résumée en si peu de mots. Il était bienveillant, accueillant, humble, toujours à l’écoute de ceux qui le rencontraient, ouvert à toute discussion, à une condition toutefois, me semble-t-il : que les interlocuteurs ne restent pas bloqués sur leurs opinions opposées mais discutent pour obtenir un accord, un compromis. Toujours rencontrer les autres, parler et dialoguer avec eux.
Rassembleur mais aussi écrivain, historien… et poète
Max Bobichon était un « RASSEMBLEUR », et cela jusqu’à sa disparition. Le premier week-end de mai 2023, il avait réuni toute sa famille pour ses 90 ans (et 3 de plus …) qu’il n’avait pas pu fêter en 2020 à cause de la Covid !
Pour finir, Max était un amoureux de la nature, surtout de la campagne. Il était aussi écrivain et historien, témoins les livres consacrés aux églises dont il fût curé ou sur Lyon, les opuscules avec son père sur l’histoire de son village, les mines, la soierie, etc… Il était aussi photographe, alliant technique, rêve et poésie; il fit même plusieurs expositions et lors de sa dernière, il a distribué aux visiteurs les photos qui leur plaisaient !
Il était aussi poète et je termine en vous proposant deux de ses poèmes.
François Perrier, pour Patrimoine Piraillon
VENISE
Roulant l’azur et l’or
Le grand canal s’endort
Laissant les gondoles noires
Effleurer, hirondelles sveltes,
Son eau, aux reflets de moire
Charriant de chantantes paillettes
Miroir frémissant au vent du nord
Déstabilisant les palais gothiques
Dont l’image renversée vante encore
La munificence et la richesse antiques
Clapotis réfugié le long des murs
Dont il bat les flancs impurs
Accompagnant la triste mélopée
Par les blonds gondoliers zézayée
Frôlement d’ail de pigeons
Ombre claire sur les marbres portée
Eaux frissonnantes de masques embusqués
Eau qui dort sous les ponts au dos rond
De la terre et de l’onde Venise était doge
Elle accroche ses lambeaux de rêve aux palis
Elle cherche en vain la mystérieuse toge
Pour le cocher du quadrige aux chevaux endormis.
ARDÈCHE
Eau bouillonnante aux flamboyants automnes
Eau tranquille aux blancs hivers atones
Eau cascadante à l’éveil du printemps
Eau rare et claire aux secs étés brûlants
Terrasses opiniâtres à l’assaut des collines
Vos pierres sèchent rangées avec humble savoir
Chantent la gloire de ceux qui sans rien avoir
Fécondèrent le pays en usant leurs échines
Baies bleues des airelles blotties dans la montagne
Lavandin dispersé au creux de la ruine
Grottes secrètes enfouies dans la campagne
Et courageux moulin dont la meule couine
Châtaigniers généreux, verte chevelure aux vents
Ou dressés orgueilleux, debout dans la burle
Secs et stériles lorsque passe celle qui hurle
Désespérée, à la recherche de ses enfants.